mardi 30 septembre 2008

La prison en France : les conditions de vie.

L’organisation des prisons françaises.

Le système carcéral français est organisé en 3 types différents d’établissements pénitentiaires. Au 1er juin 2002, la France en comptait 185 :
- 117 maisons d’arrêt (MA) réservées aux détenus ayant une peine inférieure à un an ou étant dans l’attente de leur jugement. Le climat y est le plus difficile et l’organisation la plus sévère.
- 55 centres de détention (CD) réservés quant à eux aux personnes jugées et « fixées sur leur avenir ». Les horaires y sont plus souples puisque les détenus ont souvent accès à un travail.
- 13 centres de semi-liberté autonome, permettant aux condamnés d’exercer une activité précise, de recevoir un enseignement ou une formation professionnelle.


Déroulement d’une journée type en maison d’arrêt

7 heures Dans toutes les maisons d’arrêt le rituel est le même. C’est l’heure légale du réveil, samedi dimanche et fête comprises. Lorsque la porte s’ouvre pour le non moins traditionnel (mais pas toujours dit) "bonjour". Il faut, au moins exécuter un tressaillement visible (très important qu’il soit visible) afin d’éviter la première parole de la journée : "Bougez". C’est vrai j’oubliais, dès fois que dans la nuit nous ayons mis fin à nos jours…

7h30 Le bruit reprend pour la distribution du petit déjeuner… Un chariot avec deux grosses gamelles contenant pour l’une un semblant de café…la chaleur, l’odeur, mais une nouvelle fois ce n’est qu’un rêve… pour l’autre gamelle c’est… un semblant de lait. Pourquoi ? c’est très simple, car dès que… l’ensemble de ces deux liquides arrivent en bouche, nous revenons très vite à la réalité. Une petite plaquette, cette fois, de vrai beurre, est également distribuée, quelques fois, un fruit est rajouté ou un laitage. Le dimanche, c’est le grand luxe à la place du café c’est un chocolat, mais identique à la remarque du café faite précédemment…
Par contre la semaine si un mouvement (rendez-vous à l’infirmerie, à l’éducateur, un parloir… etc…) est programmé le surveillant l’annonce ainsi que l’heure. Cela pour que nous soyons prêt et surtout pour que nous n’allions pas à l’atelier. Il faut que nous attendions en cellule. La sempiternelle attente qui représente 90% du temps chez le détenu, je crois même que l’on peut dire 100% du temps. Les prévenus attendent le bon vouloir des magistrats, une hypothétique remise en liberté, un jugement, un appel, tout est fait pour attendre, attente espoir, c’est cela qui permet de faire défiler les jours… de continuer à croire en la vie…
8 heures Si aucun mouvement n’a été annoncé, programmé, c’est la sortie pour l’atelier. Si nous avons la chance d’être "classé" c’est le terme employé pour toutes personnes qui travaillent en prison. Le travail permet d’oublier un peu l’enfermement, la journée passe plus vite. Le travail permet de gagner un peu d’argent… Cet argent permet de pouvoir "cantiner" (cantiner veut dire en langage clair acheter). Cantiner pour améliorer l’ordinaire, pour la télévision (55F par semaine) pour le tabac, la nourriture… Mais pour les cantines j’y reviendrai plus en détail.

Pour l’instant, je vais essayer de vous expliquer le travail carcéral. Il y a plusieurs sortes de qualification en travail carcéral
- l’auxi c’est celui qui est classé au service général. Il y a ceux qui sont affectés à la cuisine, à la lingerie, et ceux qui sont en étage ; ces derniers sont affectés à la distribution des repas, l’entretien de leur étage de leur étage, le changement des draps, des serviettes, des torchons etc… je dirai des tâches ménagères.
- Le travail en atelier ce sont des concessionnaires qui emploient des détenus pour des sommes dérisoires… Les rémunérations sont de l’ordre de quatre fois moins chères q’à l’extérieur.

Je reprendrai juste une citation faite par un détenu que Madame Anne-marie Marchetti s’est permise de reprendre dans son livre : "Pauvreté en prison. Editions Eres en 1997". "Infraction légale. Si un patron dehors donnait un tel salaire pour le même nombre d’heures de travail, il irait aux Prud’hommes ou en prison pour exploitation. Les prisonniers sont en prison parce qu’ils on violé la loi, et en prison on viole la loi et on les exploite, ce n’est peut-être pas le bon système pour donner envie de respecter la loi et ceux qui gardent les prisonniers".

Si j’ai voulu citer cette phrase, c’est tout simplement parce qu’elle est vraie et vérifiable. Dans les rapports du Sénat : "Prisons : une humiliation pour la république" nous pouvons lire "On cite avec horreur l’exemple de Fresnes où à une époque les détenus étaient payés pour découdre des étiquettes "made in Taiwan" et recoudre des étiquettes "made in France". Ce n’était pas très pédagogique.
Alors que penser lorsque l’on est témoin, acteur de ce genre d’emploi ? … Où est la justice ? En qui croire ? Certainement pas en la justice. Surtout lorsque l’on pense que certains détenus sont là pour… contre façon.

Le retour des ateliers s’effectue vers 11h30. Pendant cette matinée "les inoccupés" ont droit à deux heures de promenade. Selon la maison d’arrêt, la taille de la cour de promenade varie.
11h30 Le retour en cellule signifie pour les plus chanceux, du courrier (cordon avec l’extérieur). Le courrier a été déposé par le surveillant dans la boîte aux lettres. Boîte aux lettres est un grand mot, très souvent elle est "fabriquée" avec une découpe dans une boîte de lessive et collée à la porte de la cellule. Nous pouvons presque dire boîte magique. En effet elle sert aussi pour les bons de cantine. Les bons de cantine sont ramassés le matin par l’auxi au moment du petit déjeuner.
Revenons donc sur les cantines. Il y a tellement de choses à en dire. Pour essayer d’être clair, je vais faire référence au guide du prisonnier qui est fait par l’Observatoire International des Prisons.

Tout d’abord qu’est ce que la cantine ? C’est la "boutique" de l’établissement pénitentiaire où le détenu peut acheter divers objets ou denrées dans la limite de ses moyens financiers (part disponible de son compte nominatif). Cette possibilité de "cantiner" s’exerce sous le contrôle du chef d’établissement et dans les conditions prévues par le règlement intérieur qui fixe les jours, heures, modalités des commandes et des livraisons.
Comment sont fixés les prix des produits vendus en cantine ? Les prix sont fixés périodiquement par le chef d’établissement sauf en ce qui concerne quelques produits comme le tabac, le pain et les journaux, ils tiennent compte des frais exposés par l’administration pour la manutention et la préparation.
Cette réglementation entraîne d’importantes disparités dans les prix pratiques dans les établissements pénitentiaires. Les prix pratiqués en cantine sont donc très souvent supérieurs à ceux du marché. Dans tous les cas, ils doivent être portés à la connaissance des détenus, c’est à dire indiqués sur les bons de commande.

Source : http://www.prison.eu.org/

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