mardi 24 mars 2009

Texte d'Epicure

Expliquer le texte suivant :

Quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs voluptueux inquiets, ni de ceux qui constituent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent les gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. Car ce n’est pas une suite ininterrompue de jours passés à boire et à manger, ce n’est pas la jouissance des jeunes garçons et des femmes, ce n’est pas la saveur des poissons et des autres mets que porte une table somptueuse, ce n’est pas tout cela qui engendre une vie heureuse, mais c’est le raisonnement vigilant, capable de trouver en toute circonstance les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il faut éviter, et de rejeter les vaines opinions d’où proviennent le plus grand trouble des âmes. Or, le principe de tout cela et par conséquent le plus grand des biens, c’est la prudence. Il faut donc la mettre au-dessus de la philosophie même, puisqu’elle est faite pour être la source de toutes les vertus, en nous enseignant qu’il n’y a pas moyen de vivre agréablement si l’on ne vit pas avec prudence, honnêteté et justice, et qu’il est impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justice si l’on ne vit pas agréablement.

Epicure, Lettre à Ménécée.


La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

1 commentaire:

Des philosophes a dit…

Quelle drôle d’idée aujourd’hui que l’absence de plaisir soit un plaisir ! Ainsi, l’absence de plaisirs déséquilibrés correspond à un plaisir d’équilibre : l’absence de trouble sera le plus grand des plaisirs. Or, par définition, la prudence est l’équilibre de la décision, équilibre dans les choix, alors que la sagesse est l’équilibre de la connaissance. Donc l’enjeu est de mettre la décision au-dessus de la connaissance : la prudence au-dessus de la sagesse ; car sans l’art de décider, supérieur à la philosophie, point même de vertu… Cela ne veut pas dire qu’il vaut mieux être décideur d’entreprise que philosophe, car pour la prudence il vaut mieux être les deux à la fois et de manière équilibrée, dans la journée et dans la vie. Car l’art de la prudence pour Epicure doit s’appliquer à la conduite de soi et de la cité plutôt qu’à la conduite des autres : à l’honnêteté et à la justice.
DéfiTexte
defitexte.over-blog.fr